Inauguration de l'interferomètre ALMA

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ALMA, le vaste réseau (sub-) millimétrique de l'Atacama (ALMA pour Atacama large millimeter/submillimeter array), implanté aux confins des Andes Chiliennes, a été inauguré lors d'une cérémonie officielle. Cet événement marque l'achèvement de tous les principaux systèmes du télescope géant ainsi que la transition formelle d'un projet en construction à un véritable observatoire. ALMA est le fruit d'un partenariat entre l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Est Asiatique, en coopération avec la République du Chili.

L'interféromètre géant ALMA aux 66 antennes est un projet d'envergure mondiale. L'instrument produit depuis plus d'un an maintenant des données de grande qualité. Son inauguration aujourd’hui permet de rappeler la participation française dans cet instrument, la France étant partie prenante d'ALMA à travers l’ESO (La France finançant 17% de l'ESO). Les chercheurs français ont été impliqués dès le départ dans ce projet, tant pour identifier les besoins techniques que pour définir les objectifs scientifiques prioritaires.

La communauté astronomique française continue à se distinguer par l'exploitation des données scientifiques. Ainsi, près de la moitié des projets retenus pour la campagne d'observation en cours sur ALMA impliquent des chercheurs français, y compris ceux du nouveau laboratoire Franco-Chilien d'Astronomie (UMI 3386) mis en place récemment par le CNRS pour encourager les échanges avec le Chili. Tous les champs de l'astrophysique sont concernés, allant de l'étude du Système Solaire a la cosmologie, en passant par les étoiles jeunes et les galaxies.

Les contributions françaises à ALMA ont notamment été portées par l’Institut de RadioAstronomie Millimétrique (IRAM-CNRS), dont Pierre COX, Directeur de Recherches au CNRS et ancien directeur de l’IRAM, sera le prochain directeur général d'ALMA à compter du 1er avril. L’IRAM héberge un des ARC (Alma Regional Centers) pour le soutien aux utilisateurs. L’Observatoire de Paris et le Laboratoire d’Astrophysique de Bordeaux (LAB-CNRS/Université Bordeaux 1) ont également fortement participé au développement du projet.

Pour l’inauguration, les trois partenaires internationaux d'ALMA ont accueilli plus de 500 personnes à l'Observatoire d'ALMA dans le désert chilien de l'Atacama. L'invité d'honneur de cette cérémonie était le Président du Chili, Sebastián Piñera.

Parmi les invités de marque à cette cérémonie figuraient Karlheinz Töchterle, Ministre Fédéral de la Science et de la Recherche (Autriche), Petr Fiala, Ministre de l'Enseignement, de la Jeunesse et des Sports (République Tchèque), Nuno Crato, Ministre de l'Enseignement et de la Science (Portugal), Roger Genet, Directeur Général de la Recherche et de l'Innovation (France), Nora van der Wenden, Directrice de la Politique de la Recherche et de la Science (Pays-Bas), Bruno Moor, Chef de la Division pour la Coopération Internationale en Recherche et Innovation (Suisse), Beatriz Barbuy représentante du Brésil, Anne Glover, Conseillère Scientifique en Chef auprès du Président de la Commission européenne, ainsi que les ambassadeurs au Chili de l'Autriche, de la Belgique, de la République Tchèque, de la France, de l'Italie, de l'Allemagne, du Japon, des Pays-Bas, du Portugal, de la Suède, de la Suisse, du Royaume-Uni et des Etats-Unis d'Amérique.

Le Président du Chili, Sebastián Piñera, a rappelé que « le magnifique ciel nocture du Chili constitue l'une de nos nombreuses ressources naturelles. Je suis convaincu que la science a contribué de manière vitale au développement du Chili ces dernières années. Je suis très fier de nos collaborations internationales dans le domaine de l'astronomie, dont ALMA constitue la dernière, et la plus ambitieuse des réalisations. »

A cette cérémonie, diffusée en direct sur Internet, des représentants des partenaires internationaux d'ALMA étaient également présents : le Directeur Général de l'ESO, Tim de Zeeuw, le Directeur de la Fondation Nationale pour la Science aux Etats-Unis, Subra Suresh, et le vice-ministre du Ministère Japonais de l'Enseignement, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie, Teru Fukui, ainsi que le Directeur d'ALMA, Thijs de Graauw. Les dirigeants, le personnel d'ALMA et les représentants des communautés voisines ont également assisté à l'événement.

Thijs de Graauw a exprimé ses attentes vis à vis d'ALMA. « Grâce aux efforts et aux innombrables heures de travail des scientifiques et des techniciens constituant la communauté mondiale d'ALMA, cet équipement a déjà montré qu'il était le télescope (sub-)millimétrique le plus avancé à ce jour, éclipsant toute réalisation antérieure. Nous sommes impatients que les astronomes exploitent la pleine puissance de ce formidable outil ».

« ALMA constitue un exemple des plus grandes réalisations qui deviennent possibles lorsque les institutions et les nations unissent leurs efforts, et cette stratégie sous-tend l'ensemble du programme de l'ESO » ajoute Tim de Zeeuw. « En appliquant cette stratégie à l'échelle globale, en établissant des partenariats dans le cadre d'un projet comme celui-ci, nous donnons aux astronomes des Etats Membres de l'ESO la possibilité d'entreprendre des recherches uniques, que seul ALMA permet. »

Une sélection d'invités a eu l'opportunité de visiter le télescope sur le site d'exploitation du réseau d'antennes situé à 5000 mètres au-dessus du niveau de la mer. L'assemblage des antennes d'ALMA a été achevé récemment, la dernière série de 7 des 66 antennes étant actuellement en cours de test avant d'entrer en service. Le télescope, équipé seulement d'une fraction de ses antennes, a déjà procuré des images inédites du cosmos.

Capable d'observer l'Univers en capturant la lumière invisible à l'œil nu, ALMA nous délivrera des détails inédits sur la naissance des étoiles, les bébés galaxies de l'Univers jeune, et la formation des planètes autour de soleils distants. Il découvrira également et mesurera la distribution de molécules – essentielles à la vie pour la plupart – qui se créent dans l'espace interstellaire.

L'observatoire a été conçu sous la forme de trois projets distincts en Europe, aux USA et au Japon dans les années 1980, qui ont fusionné en un seul dans les années 1990. La construction a débuté en 2003. Le coût total de la construction d'ALMA s'élève à environ 1,4 milliards de dollars US, dont la part de l'ESO constitue 37,5%.

Les antennes du réseau ALMA, cinquante-quatre de 12 mètres et douze plus petites antennes paraboliques de 7 mètres, fonctionnent ensemble tel un télescope unique. Chaque antenne collecte le rayonnement en provenance de l'espace et le fait converger vers un récepteur. Les signaux en provenance des antennes sont ensuite assemblés et traités par un super-ordinateur spécialisé : le corrélateur ALMA. Les 66 antennes d'ALMA peuvent être arrangées en différentes configurations, la distance maximale entre les antennes pouvant varier de 150 mètres à 16 kilomètres.

Cette inauguration a été l'occasion pour les partenaires d'ALMA, l'ESO, l'Observatoire de Radioastronomie National et l'Observatoire Astronomique National du Japon, de réaliser une animation d'une durée de 16 minutes intitulée « ALMA – A la Recherche de nos Origines Cosmiques », un livre photos, un livret sur l'ethno-astronomie dans cette région ainsi que deux brochures détaillant le projet et les contributions des dirigeants. L'ensemble de ces documents est disponible en téléchargement sur le site de l’ESO : http://www.eso.org/public/france/news/eso1312/

Crédit photo : ALMA (ESO/NAOJ/NRAO)