Un nouvel observatoire atmosphérique dans l’hémisphère sud
L’observatoire atmosphérique du Maïdo sur l’île de La Réunion a été inauguré le 23 octobre 2012. Situé à 2200 m d’altitude sur le Piton Maïdo à l’ouest de l’île et nanti d’une instrumentation de télédétection active et passive, ce nouvel observatoire doit permettre de réaliser sur le long terme des mesures de grande qualité des profils verticaux de nombreuses variables climatiques.
Dans le contexte actuel des changements globaux, la surveillance des paramètres critiques de l’atmosphère et du climat est de plus en plus à l’ordre du jour. En particulier, il est important d’inscrire dans la durée le suivi de l’évolution des mécanismes de transport à grande échelle et de la composition de l’atmosphère, notamment dans l’hémisphère sud tropical où les observations sont extrêmement peu nombreuses en raison du peu de nations capables d’investir dans ce domaine.
C’est la raison pour laquelle, dès la fin des années 90, a été envisagée la construction d’un observatoire atmosphérique pérenne à 2200 m d’altitude sur le Piton Maïdo situé dans la partie ouest de l’île de La Réunion. Ce site présente en effet plusieurs intérêts :
- sa position en latitude est particulièrement intéressante pour l’étude des processus spécifiques de transport qui se produisent à cette latitude dans la stratosphère tropicale ;
- son altitude permet, en s’affranchissant des effets négatifs de la couche limite tropicale (humidité, pollution, lumière, etc.), d’améliorer considérablement la qualité des mesures par télédétection (FTIR, radiomètres, lidar) pour l’étude et le suivi de la composition chimique de la troposphère.
La construction de ce bâtiment a été programmée dans le cadre du Contrat de projet État Région 2007-2013. Son financement complet, incluant l’alimentation électrique et la voie d’accès, s’élève à 9 M€, dont 2,2 M€ de la Région Réunion, 2 M€ de l’État et 4,8 M€ du FEDER (Union Européenne).
Le bâtiment est aujourd’hui terminé. Il répond aux normes HQE (Haute qualité environnementale) et bénéficie d’une intégration paysagère particulièrement soignée. Il comprend un espace lidars, un espace laboratoires, un espace pour accueillir des expériences extérieures et un espace pour l’hébergement de quelques personnes lors de campagnes de mesure.
Cet observatoire est destiné à recevoir la majorité des instruments de l’Observatoire de physique de l’atmosphère de La Réunion (OPAR), dont le transfert a été entrepris dès le mois de juin 2012.
De nouveaux instruments ont également été assemblés, notamment un lidar dédié à la mesure de la vapeur d’eau avec un grand télescope de 1,2 m de diamètre et deux lasers couplés. Outre cet instrument, la station abrite :
- trois autres lidars destinés à la mesure des profils verticaux de paramètres atmosphériques (température, vapeur d’eau, ozone, aérosols, vent horizontal), depuis les basses couches de l’atmosphère jusqu’à 80 km d’altitude ;
- un spectromètre à transformée de Fourier pour la mesure des profils de constituants chimiques de la stratosphère ;
- ainsi que des instruments de mesure des concentrations de gaz à effet de serre, d’ozone et de monoxyde de carbone dans l’air ambiant.
Une présence permanente de plusieurs techniciens opérateurs d’instruments et d’ingénieurs sera assurée sur place pour les mesures de routine.
Après une phase de validation et de calibration des instruments, l’observatoire devrait être complètement opérationnel mi-2013. Il deviendra alors un observatoire phare au niveau international pour l’atmosphère et le climat, sa situation exceptionnelle et ses équipements de pointe faisant de lui l’équivalent dans l’hémisphère sud de l’Observatoire du Mauna Loa à Hawaï.
Il est déjà l’une des stations du Réseau NDACC (Network for detection of atmospheric composition changes) et il contribue aux réseaux SHADOZ, GAW, AERONET ainsi qu’au projet européen ACTRIS.
Pour gérer cette nouvelle infrastructure, l’Université de La Réunion a mis en place, conjointement avec l’Institut national des sciences de l’Univers (INSU-CNRS), un Observatoire des sciences de l’Univers (l’OSU-Réunion). Cet OSU a également vocation à fédérer les recherches dans le domaine des sciences de l’Univers, au-delà des seuls aspects atmosphériques.
Source : INSU/CNRS