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Témoignage d'entrepreneur : Mathieu Carras, mirSense
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- Publié le jeudi 25 janvier 2018 14:43
Mathieu Carras a travaillé 10 ans au sein de Thalès et plus particulièrement du GIE III-V Lab où il a déposé un certain nombre de brevets sur la technologie laser à cascade quantique (QCL). Ce type de lasers révolutionne déjà aujourd’hui les contre-mesures optiques dans le domaine de la défense et la détection de trace de gaz à travers des appareils très haute gamme. Thalès n’étant pas fabriquant de composants, il propose, avec Mickael Brun, de créer une société indépendante qui puisse valoriser ces technologies le plus largement possible.

Photoniques : Pouvez-vous décrire votre produit en 3 mots-clés ?
La détection de trace chimique efficiente pour l’environnement, la sécurité et la santé.
Pouvez-vous décrire la genèse du concept-phare ou de l’idée-phare ?
Après avoir déposé un brevet permettant de fabriquer très simplement des lasers semi-conducteur infrarouge moyen (3 à 12 μm de longueur d’onde) innovants, les QCLs. Est alors venue l’idée de démocratiser leur usage, en particulier pour la détection de traces de gaz comme le CO, le NO le méthane ou encore le formaldéhyde par exemple. La technique de détection choisie a été la photo acoustique, car par l’intégration des lasers au silicium, nous pouvions apporter une solution radicale, ultracompacte et performante tirant le meilleur des QCLs et des MEMS (systèmes micro-électro mécaniques en silicium). Les bénéfices additionnels de ce concept sont la capacité multigaz simultané, la compacité, la consommation modérée, et surtout un coût de production qui chute avec les volumes produits.
Pouvez-vous dire un mot sur la genèse de l'entreprise (comment passer de l'idée au produit) ?
Nous avons créé une spin-off du laboratoire industriel III-V Lab (Thalès, CEA-LETI et NOKIA) au sein de laquelle je dirigeais l’équipe travaillant sur les lasers infrarouge moyen. L’idée était de commercialiser assez vite des QCLs puis développer une gamme de capteurs ultra-compacts à base de ces lasers. Pour cela nous avons mis en place un laboratoire commun avec le CEA-LETI, leader européen des développements sur silicium. Nous avons passé les deux premières années à stabiliser et améliorer les lasers et à mettre au point le produit capteur multi-gaz.
Quel est le marché identifié (taille, lieu géographique, public ciblé, marché existant et/ou à construire) ?
Notre technologie est « habilitante ». En cela, elle peut adresser des marchés très différents. Les principaux axes sont aujourd’hui l’automobile avec les émissions polluantes, la sécurité des travailleurs et les fuites urbaines de gaz ou encore l’analyse des bio-fluides dans la santé. Bien sûr, il ne faut pas oublier la qualité de l’air extérieur et intérieur. Nous aurons peut-être demain dans chaque véhicule et dans chaque maison un capteur mirSense, ce qui représente un marché accessible de plusieurs centaines de millions d’euros.
Quel est le paysage concurrentiel (France et étranger) ?
Il existe une demi-douzaine de concurrents, aux USA, en Europe et au Japon sur la technologie laser. Pour les capteurs, le marché est assez dense et très fractionné sur de nombreuses technologies. La concurrence dans le domaine de l’optique est, soit placée sur des capteurs peu performants et bas coût qui adressent uniquement le C02, soit sur des appareils très coûteux et très sensibles. mirSense a donc un positionnement concurrentiel très innovant avec des capteurs haute performance abordables.
Retrouvez l’article dans Photoniques n°89, novembre-décembre 2017.